Réduire et réutiliser l'eau, idéal ou nécessité ?
Réduire et réutiliser l'eau, idéal ou nécessité ?
Un cap national pour préparer les sécheresses et viser 10% d'économie d'eau d'ici 2030
En mars 2023, le gouvernement a lancé le « Plan Eau » afin d’adapter la gestion de l’eau au changement climatique. Le premier axe fixe un objectif de réduction de 10 % des prélèvements d’eau à l’horizon 2030. Ce cap s’accompagne d’une déclinaison territoriale et d’une meilleure mesure des volumes.
Le deuxième axe mise sur la sécurisation de l’approvisionnement en réduisant les fuites et en développant 1 000 projets de réutilisation d’eaux non conventionnelles, comme la réutilisation des eaux usées traitées, d’ici 2027. L’État et les collectivités investiront chaque année environ 500 millions d’euros pour atteindre ces objectifs.
Pour comprendre l’enjeu, rappelons que chaque Français consomme en moyenne 150 litres d’eau potable par jour. Entre 1990 et 2018, la France a perdu 14 % de sa ressource en eau renouvelable tandis que la consommation continuait d’augmenter. Les entreprises sont donc invitées à s’engager de façon volontaire et méthodique pour réduire leur empreinte hydrique.
Pourquoi agir maintenant ?
Les sécheresses de 2024 et 2025 ont montré que l’eau est devenue un facteur limitant pour l’économie. Pour rappel, l'été 2025 est le troisième plus chaud recensé en France derrière ceux de 2003 et 2022. En Vendée, le déficit de précipitations a atteint 50 % au printemps 2025, entraînant une baisse des débits des cours d’eau et un recours à des restrictions d’usage. La préfecture souligne que la consommation en eau potable des dernières semaines est la plus élevée observée depuis 2011. Attendre d’être confronté à des coupures d’eau ou à des pénuries pour réagir mettrait en péril la continuité des activités de nos entreprises.
En agissant dès aujourd’hui, les entreprises peuvent :
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réduire leurs coûts d’exploitation et leur exposition aux risques (sécheresses, restrictions, hausse du prix de l’eau) ;
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valoriser leur engagement RSE en communiquant sur leurs actions de sobriété et de réutilisation ;
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améliorer leur compétitivité en anticipant les réglementations à venir et en répondant aux attentes des donneurs d’ordre et des consommateurs ;
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contribuer à la résilience du territoire en préservant la ressource commune.
La gestion de l’eau n’est donc pas un simple enjeu environnemental : c’est un facteur de performance et de résilience pour les entreprises.
En combinant mesures de sobriété, les innovations, les mutualisations et les actions groupées, les entreprises sablaises peuvent devenir des acteurs exemplaires de cette transition hydrique.
De plus, la législation s'est récemment assouplie sur le sujet. Le décret n° 2023-835 du 29 août 2023 a simplifié le cadre réglementaire pour les entreprises en matière de réutilisation des eaux non potables. Il entérine la possibilité d’utiliser les eaux de pluie pour des usages non domestiques sans devoir déposer de demande d’autorisation. Les entreprises peuvent donc agir en toute liberté sur le sujet.
Côté réutilisation des eaux usées traitées (REUT), la procédure est aussi allégée : la consultation de la commission locale de l’eau est supprimée, l’avis de l’Agence régionale de santé (ARS) devient consultatif (et non plus obligatoire) et la durée de validité de l’autorisation n’est plus limitée à cinq ans.
Réutilisation des eaux usées traitées : en immersion à la Commission Européenne
Une méthode en trois étapes pour les entreprises
1. Mesurer et fixer des objectifs réalistes.
Pour pouvoir réduire leur consommation d'eau, les entreprises peuvent commencer par un inventaire précis des volumes prélevés et des usages. La plateforme VigiEau et le guichet unique mis en place par l’État facilitent l’accès aux données et à l’accompagnement. Les entreprises peuvent ensuite fixer un objectif de réduction compatible avec l’ambition nationale (-2 % par an par exemple) et le décliner par service ou par site.
2. Agir sur les postes clés.
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Équipements efficients : remplacer les équipements gourmands par des versions économes (réducteurs de débit, lavage à haute pression, recyclage en circuit fermé, robinets mousseurs, robinet poussoirs...) .
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Surveillance des fuites : installer des compteurs intelligents et des sous-compteurs et vérifier régulièrement les réseaux. Les entreprises industrielles perdent 10 à 30 % de leur volume à cause de fuites non détectées.
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Réutilisation et valorisation : explorer les possibilités de réutilisation des eaux grises, de récupération des eaux pluviales ou d’achat d’eau recyclée via les nouveaux projets de réutilisation. Les 1 000 projets REUT prévus encouragent cette démarche.
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Sensibilisation des salariés : mettre en place des formations et un suivi des comportements (affichages, challenges internes...) .
3. S’appuyer sur les dispositifs publics.
Le diagnostic “Diag Eco‑Flux et l'aide Tremplin de Bpifrance et de l’ADEME aide les PME/ETI à analyser leurs flux d’énergie, d’eau, de matières premières et de déchets. Ce diagnostic identifie les pertes, propose un plan d’action simple et aide à lancer les premières réductions.
Les entreprises ayant mené ce diagnostic réalisent en moyenne 45 000 € d’économies par an et par site, ce qui compense largement le coût restant à charge (3 000 € HT).
La réutilisation des eaux usées, un enjeu croissant pour les acteurs économiques
La REUT offre aux entreprises des solutions pratiques pour réduire leur consommation d’eau potable et sécuriser leurs activités face aux tensions sur la ressource. Concrètement, plusieurs usages sont déjà éprouvés en France. Dans l’industrie, des usines utilisent des eaux usées traitées pour le lavage de voiries, le nettoyage d’équipements ou le refroidissement de process, ce qui permet de limiter les prélèvements directs.
Dans le secteur tertiaire, la REUT peut servir à l’arrosage des espaces verts d’entreprises ou de zones d’activités, à l’alimentation de réseaux de chasse d’eau ou encore au nettoyage des véhicules de flotte. Un document-guide du Cerema, disponible via ce lien, cite des exemples opérationnels : sur certains sites industriels, des partenariats avec les collectivités locales permettent de récupérer les volumes d’eaux traitées des stations d’épuration pour des usages techniques, en substitution totale ou partielle à l’eau potable. Aux Sables d'Olonne, le programme Jourdain illustre bien cette logique de boucle locale : l’eau est affinée puis réintroduite dans le cycle naturel avant d’être repompée et utilisée, sécurisant ainsi l’approvisionnement du territoire, y compris pour les entreprises.
Cette initiative démontre que la REUT n’est pas une perspective lointaine, mais une pratique déjà en place et réplicable. Chaque entreprise est concernées. Un établissement de tourisme peut irriguer ses jardins avec de l'eau de pluie, une entreprise de nettoyage automobile peut laver ses véhicules en circuit fermé, une structure industrielle peut refroidir ses installations avec une eau secondaire... L’enjeu pour les entreprises est donc d’identifier leurs postes de consommation « non alimentaires » ou « non sanitaires » et de voir comment les substituer, partiellement ou totalement, par de l’eau issue de la REUT.
LA REUT - des exemples concrets dans le Sud-Ouest

En volume de projets, l'ouest du territoire national est précurseur
sur la réutilisation des eaux usées

Sur le territoire vendéen, la majorité des projets REUT
vise à compenser le stress hydrique estival
Ressources pour aller plus loin :
CEREMA : Guide de réutilisation des eaux usées
France Nation Verte : Plan eau, premier bilan à 3 mois (53 mesures pour l'eau)
France Nation Verte : Plan eau, bilan à 1 an (Dossier de presse)
France Nation Verte : Plan eau, bilan à 2 an (Dossier de presse)