Programme Jourdain : quand l’eau usée devient une ressource
Programme Jourdain :
quand l’eau usée devient une ressource
1 - Rappels sur le Projet Jourdain
Le programme Jourdain, porté par Vendée Eau et Veolia, est la première expérience française et européenne de réutilisation indirecte d’eaux usées traitées pour la production d’eau potable. L’idée est simple : l’eau qui sort de la station d’épuration des Sables-d’Olonne ne part plus dans l’océan mais subit un traitement supplémentaire dans une usine d’affinage.
Elle est ensuite acheminée vers le barrage du Jaunay.
Après un passage dans une zone végétalisée pour se reminéraliser, elle rejoint la rivière et est repompée pour fabriquer de l’eau potable.
Ce cycle maîtrisé permet de sécuriser l’approvisionnement en eau en période de sécheresse et d’alléger la pression sur les réserves naturelles.
L’installation traite aujourd’hui un quart des eaux usées des Sables-d’Olonne (150 m³/heure) pendant la phase d’expérimentation 2023‑2026.
À partir de 2027, la capacité passera à 600 m³/heure, soit une ressource complémentaire de 1,5 million de mètres cubes d’eau potable.
Au total, le projet valorise chaque année 4,5 millions de m³ d’eaux usées, l’équivalent d’un des 13 barrages vendéens.
Les investissements atteignent 19,5 millions d’euros sur 10 ans.
2 - Une innovation sablaise structurante
Le 10 mars 2025, les services de l’État ont autorisé l’injection des eaux affinées dans le lac du Jaunay, marquant la mise en service de la boucle de réutilisation. Les eaux usées traitées transitent désormais sur 27 km de canalisations, passent par une zone de transition végétalisée et rejoignent l’usine de production de Landevieille. À chaque étape, un suivi mensuel de la qualité de l’eau est effectué pour garantir la sécurité sanitaire et environnementale.
Cette solution s’inscrit dans un contexte de tension hydrique. Au début de l’été 2025, la consommation d’eau potable en Vendée a atteint des niveaux record – la plus forte consommation observée sur cette période depuis 2011. La préfecture a rappelé les entreprises à l’auto‑limitation et à la sobriété, notamment pour les usages non prioritaires comme l’arrosage ou le lavage.
3 - Quels enjeux pour les entreprises des Sables-d’Olonne ?
Le littoral vendéen est très dépendant des eaux superficielles et fait face à un déficit estival structurel. Le programme Jourdain ajoute une capacité sécurisée à pleine échelle de 600 m³/heure, soit l’équivalent de la consommation d’environ 60 000 personnes, ce qui diminue le risque de restrictions qui perturbent la production, l’accueil de clientèle ou les chantiers.
De plus, la consommation d’eau double l’été en Vendée et peut être multipliée par 7 sur certains territoires. La retenue du Jaunay et son usine, stratégiques pour la côte de Saint-Gilles-Croix-de-Vie aux Sables-d’Olonne, bénéficient directement de la boucle Jourdain. Les entreprises situées sur ce couloir littoral voient donc leur sécurité d’approvisionnement renforcée lors des pics d’activité. En 2021, 358 abonnés de Vendée EAU ont consommé plus de 6 000 m³. La continuité d’approvisionnement est donc un enjeu économique tangible pour les gros consommateurs comme les campings ou les structures HCR (hôtels, cafés, restaurants)
La filière prévoit un traitement d’affinage très poussé en sortie de station d’épuration, puis un passage en zone de transition végétalisée avant mélange dans la retenue et potabilisation au Jaunay. Le dispositif est encadré par un suivi analytique robuste : 3 ans d’analyses d’état initial puis 3 ans pendant la réinjection. Pour les entreprises engagées en RSE, c’est un atout de traçabilité et de conformité. En effet, la boucle d’économie circulaire de l’eau apporte un récit positif et compréhensible pour les clients, salariés et investisseurs. Communiquer sur l’usage raisonné de la ressource et l’adhésion à des solutions territoriales renforce la crédibilité extra-financière.
En outre, le projet Jourdain sert au territoire aux entreprises sablaises, notamment en sécurisant l'apport d'une eau propre et comestible, surtout pendant la période estivale, propice au stress hydrique.